La solidarité dans la vallée

Un nouvel affluent du Maelbeek ?

La rue des Deux Ponts et la rue des Artisans, en amont, présentent un aménagement particulier pour une meilleure gestion de l’eau de pluie dans l’espace public. Il s’agit de diminuer les risques d’inondation ainsi que les rejets d’eau propre vers les égouts tout en permettant à l’eau de pluie de s’infiltrer, d’arroser des plantations et d’établir ainsi un cycle de l’eau plus écologique en ville. Cette gestion de l’eau à la source et en surface offre de multiples bénéfices écologiques. Elle apporte des bienfaits tels qu’une valorisation de la biodiversité, une amélioration de la qualité du paysage, une climatisation de la ville lors des épisodes de forte chaleure permet, en outre, de diminuer les coûts de l’épuration de l’eau.

Pour y arriver, le profil de la voirie a été complètement transformé. Le trottoir a été élargi du côté des maisons et rétréci du côté de la ligne de chemin de fer. Les eaux de pluies qui tombent sur les surfaces imperméables – les toitures, les trottoirs, une partie de la voirie – plutôt que d’être directement envoyées dans le réseau d’égouttage, sont conduites vers des surfaces désimperméabilisées et végétalisées telles que des réservoirs souterrains dans la rue des Artisans ou une noue dans la rue des Deux Ponts. Lors des fortes pluies, les trop-pleins des dispositifs en amont renvoient les eaux excédentaires vers les dispositifs en aval. Cette Nouvelle rivière urbaine qui prend sa source rue des Artisans est une des premières à Bruxelles. Un nouvel affluent du Maelbeek ?

Dessin Arnaud Bilande


C’est la géographie qui commande

L’eau va toujours du haut vers le bas. Une goutte qui tombe au pont du Germoir pourrait bien se retrouver ici en fond de vallée. Que dire dès lors si ce sont de très grandes quantités de gouttes qui tombent en un temps court ? Les inondations se produisent toujours dans le fond des vallées. Transformer le paysage urbain pour diminuer les risques d’inondation – et autres nuisances liées à l’eau – à la manière de la Nouvelle rivière urbaine telle que réalisée dans cette rue (voir panneau à gauche), demande de travailler sur l’ensemble du bassin versant *. Parfois on dit que c’est la géographie qui commande. Et c’est, ensemble, les pouvoirs publics et les habitants du haut et du bas de la vallée, que des solutions peuvent être trouvées. Nous appelons cela la solidarité de bassin versant. On compte diverses tentatives de bassins versants solidaires à Bruxelles, notamment à Forest et dans la vallée du Molenbeek.

Mais il n’y a pas que dans les questions de gestion des crues que la géographie devrait reprendre ses droits. De manière générale « il y a une lame de fond qui conduit à l’émergence de nouvelles formes de pensée sur le dialogue entre ville et nature dans lequel les vallées retrouvent une place prépondérante. Il faut repenser ce dialogue, l’intégrer et qualifier les sites urbains à partir d’enjeux de développement plus précis tels que la régulation climatique, la gestion des eaux de pluie, la protection et la valorisation de la biodiversité, la promotion de la mobilité active, la récréation ou encore les identités paysagères » nous dit Pierre Vanderstraeten, urbaniste.

* Le bassin versant, c’est la zone géographique – la vallée – qui réunit les eaux qui y tombent dans un même cours d’eau.

Bassins versants en région bruxelloise (infographie Kevin De Bondt)

  1. Ukkelbeek et Geleytsbeek (Uccle)
  2. – 2b versants est de la Senne
  3. 3a versant nord-ouest de la Senne ; 3b versant ouest de la Senne, Vogelzangbeek, Neerpedebeek et Broek (Anderlecht)
  4. Molenbeek-Pontbeek (Berchem-Sainte-Agathe, Ganshoren, Jette et Laeken)
  5. Maelbeek
  6. Woluwe