Le ruisseau qui moud

Rue de la Digue, vue de la rue Gray, carte postale du début du XXe siècle

Le Corenmolen

Placez-vous à l’angle de la rue Gray et de la rue Dillens et regardez vers la place Flagey. Vous constaterez une relativement forte dénivellation sur quelques mètres. Celle-ci rappelle la digue que l’on créa au Moyen-Âge pour retenir les eaux du Maelbeek. C’était l’endroit idéal pour un tel ouvrage. Les eaux retenues formèrent le Grand Étang d’Ixelles qui remplit des siècles durant son rôle de vivier et de bassin de retenue pour le Corenmolen, le moulin d’Ixelles.

Dans les années 1856-1860, on combla une bonne partie de l’étang pour créer la place Flagey ; le ruisseau fut voûté en 1873 et le moulin rasé en 1874. Toute trace du passé rural disparut… presque. Il en reste un nom, rue de la Digue, et une trace discrète : ce dénivelé.

Le ruisseau qui moud

Le Corenmolen – moulin à grains – ou Moulin d’Ixelles apparaît dans les archives au début du XIIIe siècle. En 1210, Henri Ier, duc de Basse Lotharingie, le concède à l’abbaye de La Cambre, fondée peu avant, vers 1201.

Jusqu’à la révolution industrielle et l’invention de la machine à vapeur et des moteurs, les moulins – à eau et à vent – étaient les seules sources d’énergie motrice (hormis la force humaine ou animale). Durant le Moyen-Âge, les moulins à eau se multiplièrent dans toute l’Europe, le long des cours d’eau. Chaque village, chaque communauté religieuse avait le sien et les villes en comptaient souvent plusieurs.

Généralement, nous nous représentons les moulins produisant la farine. C’était bien souvent le cas, bien sûr. Cependant, de nombreux moulins remplissaient des fonctions aussi diverses que la production d’huile ou de malt pour les brasseries, de tan pour les tanneries, la fabrication de la pâte à papier, le foulage de la laine, etc.

Grâce à sa pente relativement forte, le Maelbeek, dont on peut traduire le nom par ruisseau qui moud, actionna des siècles durant les roues d’une dizaine de moulins qui produisaient pour l’essentiel de la farine. Des grandes exploitations céréalières couvraient une partie des hauteurs autour de la ville, qu’il fallait nourrir.

Maelbeek Mon Amour