Il y a un avant et un après Flagey
Après la construction du bassin d’orage, il a bien fallu refaire la place. Lorsque la Région a présenté son projet en 2003, le public présent a été déçu. Ce projet avait été conçu sans participation des habitants à sa définition et sans une procédure ouverte dans le choix des architectes. Cela se passait comme s’il était plus important de recouvrir le bassin d’orage que de faire une place publique. La plate-forme Flagey, composée de citoyens, de jeunes architectes et d’experts, a proposé une nouvelle forme de procédure avec l’appel à idées pour la place Flagey. Nonante-six équipes locales et internationales ont répondu à l’appel. L’exposition des idées à La Cambre fut un gros succès. L’Appel à idées a permis de refuser le projet initial, d’élaborer une première définition de la place et de relancer une procédure officielle plus ouverte avec un Concours de projets qui déboucha sur la place que nous connaissons aujourd’hui, enfin presque. Quoi qu’il en soit, ce mouvement citoyen et expert a permis de lancer un débat à Bruxelles sur la production des espaces publics. Certains ont dit qu’il y avait « un avant et un après Flagey ».

Place Flagey, début xxe siècle Carte postale (fonds Belfius, Académie royale de Belgique)
Appel à idées de la plate-forme Flagey, projets lauréats :
Tout ne se joue pas dans la pierre
« Tout ne se joue pas dans la pierre », avait dit l’un des membres du jury de l’Appel à idées, signifiant ainsi que l’architecte ne peut pas définir tous les usages. Le bureau d’architectes lauréat du Concours d’idées qui a dessiné la place actuelle ayant bien compris cet adage proposait qu’une réflexion continue ait lieu sur la manière dont la place allait continuer de vivre une fois réalisée. Ce lieu de réflexion et d’avis sur les usages de la place était appelé Conférence permanente pour la place Flagey. L’idée a été reprise par la Plateforme Flagey qui se proposait de porter un regard sur trois niveaux : la place et ses usages, le type de commerces qui l’entourent, l’observation de l’évolution des quartiers. Cette idée non aboutie est encore à réaliser.
Plutôt royale ou plutôt communale
Voici ce que l’on a pu lire en annexe de l’Appel à idées pour la place Flagey : « Le fait que notre bonne place cherche son identité ne date pas d’hier. C’est en 1906 que l’idée fut lancée. Il fallut près de cinquante ans, après de multiples tergiversations pour que, enfin, l’on puisse parler de place en ce lieu ». Un premier projet marquant, dû à l’architecte Dhuicque, ne vit jamais le jour. Il se référait à la place flamande, avec son beffroi – symbole des libertés communales ; pourtant, son aspect général évoquait plutôt le style Louis xiii de la place des Vosges à Paris. Plutôt royale ou plutôt communale, on comprend l’hésitation. Pour finir, en 1933, et peut-être pour ne pas choisir, c’est un bâtiment annonçant la modernité qui fut construit : le bâtiment de la radio. La place aurait-elle trouvé son identité aujourd’hui ? Celle de tous ?